Quand le folk sale québécois rime avec polarisation. Revoir le dualisme traditionnel ville-région
Une compilation commentée par Kary-Anne Poirier
La vitalité des musiques d’influences traditionnelles s’est récemment renouvelée par l’ajout d’une nouvelle étiquette attribuée au folklore, celle du «folk sale». Elle vient, dans une certaine mesure, teindre le profil de ces nouveaux groupes folkloriques contemporains. Mais qu’est-ce que le «folk sale» au Québec? Comment se présente-t-il? Quel genre de personnes attire-t-il? Bien que le folk sale se présente d’abord comme de la musique de party, de la musique «de brosse» ou bien «à boire», il présente d’autres particularités reconnaissables chez les artistes qui s’en réclament. C’est ce que nous tâcherons d’identifier dans le texte qui suit.
Cet enthousiasme du folk sale est un phénomène en soi, bien loin d’une insignifiance, tant à l’écoute qu’en spectacle. Le genre rejoint un certain public, un bassin surtout constitué de gens initiés au «banjo-québécois» et avides de découvrir d’autres groupes en formation. Depuis l’avènement du Fabuleux Festival International du Folk sale de Sainte-Rose-du-Nord (2012), dans le fjord du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le folk sale devint garant de tout son sens, le terme prenant sa forme concrète. Le nom colla au genre et à ce moment, les festivaliers s’emparaient d’une fougue: c’était gras, c’était sale, mais en paix. Avec une venue festivalière se déroulant dans une petite municipalité d'une région dite bastion des «valeurs» politiques et culturelles bien associées au Québec, on peut, en quelque sorte, considérer le folk sale comme un phénomène bien québécois.
Les artistes du folk sale mettent le doigt sur des expressions et un jargon «régional», indéchiffrable selon certains, pour ne pas dire, certains gens de la ville. De fait, il est possible de constater que les artistes utilisent des références laissant croire qu’il s’agit d’un produit musical qui polarise le Québec dans un dualisme ville-région (Bergeron 2009, p.195). Effectivement, une grande majorité des groupes de folk sale proviennent des régions québécoises et empruntent des expressions et des références souvent culturellement associées à des spécificités locales, qui peuvent se présenter comme méconnues des gens de l’extérieur. |
En supposant qu’un dualisme se creuse entre Montréal et le reste du Québec, nous croyons que cette opposition ville-région est structurante du régionalisme musical entendu dans le folk sale. Ainsi, le folk sale nous amène à repenser le genre et à considérer cette musique comme un exutoire de la ville. Quitter la ville et se rendre en région, demeurer en ville et «se croire en région» devient quelque chose de possible par l’entremise du folk sale. Le genre se présente comme une nouvelle forme de chaos, une forme d’éclatement. Dans le texte qui suit, il sera question de revoir le régionalisme traditionnel selon l’étiquette du «folk sale» en appuyant le propos d’une liste de lecture. Cette liste se divise en deux parties :
La Face A présente une série de titres menant à une ascension vers une ambiance festive sujette à la consommation d’alcool. La face B propose un retour à la réalité, une décroissance vers ce moment où on doit «se relever de brosse».
La Face A présente une série de titres menant à une ascension vers une ambiance festive sujette à la consommation d’alcool. La face B propose un retour à la réalité, une décroissance vers ce moment où on doit «se relever de brosse».
C'est du folk sale qui te fait danser
«Gros métal sale», «gros punk sale», «gros métal qui tache», ces combinaisons de qualificatifs sont plus couramment liés au punk ou au métal. Mais comment la musique folklorique, souvent associée aux instruments à cordes, aux tapements de pieds, à la «musique à bouche» ou aux cuillères en bois devient-elle «sale»? N’est-ce pas un ensemble de mélodies adroitement orchestrées, alignées avec le pas des danseurs lors d’une Soirée canadienne? En fait, le folk sale, c’est tout ça, mais avec un petit penchant vers le punk, surtout dans l’attitude et dans les comportements à adopter lors des spectacles. Selon un article tiré du blog Les nerds, webzine pour les étudiants du Québec: «Pour ceux qui sont moins familiers avec le genre, vous découvrirez une musique du peuple typiquement québécoise, d’excellents groupes locaux et des chansons festives aux textes engagés, songés ou parfois tout simplement drôles! Si vous aimez bien Bernard Adamus ou si vous êtes nostalgiques du groupe Les Colocs, vous allez surement bien apprécier» (Chouinard 2014).
Au fond, on peut percevoir le folk sale comme un genre de «punk acoustique»: une musique folk qui incite les gens à danser et à former des moshpits (attroupements) jusqu’à ce que les guitaristes et les violoneux brisent les cordes de leurs instruments. Inspiré du bluegrass et du «trad» québécois, l’énergie dégagée par ces groupes alternatifs pousse le public à bouger les pieds et à lever le coude. Autrement dit, les influences de la plupart des groupes qui collent à l’étiquette «folk sale» incarnent le folk-bluegrass avec des relents de Plume Latraverse et de musique irlandaise à la The Pogues, ancêtres du genre. D’après Philippe Papineau du Devoir, il y a bien peu de chances de tomber sur un spectacle de folk sale livré dans la petite salle feutrée de votre coin de pays, ou diffusé par les chaînes de télé généralistes du petit écran (Papineau 2015). Loin de se formaliser, les spectacles présentent un haut risque de se salir, de démolir sa paire de chaussures, de se retrouver en sueurs ou aspergé de bière. Difficile de faire autrement que de se laisser aspirer par l’ambiance du folk sale: danse et alcool seront au rendez-vous.
En d'autres mots, le folk sale, c’est un folk à boire où les salles de spectacle se transforment en un terreau menant à la floraison de l’ivresse. Que ce soit autour d’un feu ou dans un bar miteux du fin fond du Lac-Saint-Jean, la formule se répète. Le phénomène du folk sale, à plus petite échelle, s’apparente à la contreculture répandue par le Festival de Woodstock et les rencontres artistiques du festival Burning Man au Nevada. Ces évènements privilégient une façon «d’avoir du fun en paix», où plane une ambiance à la fois légère et survoltée. Au-delà du party ordinaire, le folk sale permet la création d'un lieu privilégié qui incarne une forme d’exutoire des routines quotidiennes de par la situation déjantée dans laquelle il plonge les adeptes.
Revoir le régionalisme en partant de l'Empire du Milieu
La mise en scène du territoire extra-métropolitain comme lieu périphérique laisse entendre un dialogue direct avec l’héritage discursif régional québécois. D’après l’étude comparative des représentations de la régionalité de Francis Langevin, le régionalisme est étroitement relié au roman du terroir, un genre dont la syntaxe narrative est bien connue: chaîne de la donation rompue par la désertion du fils; exil en ville; espace de corruption et échec de la vie libérale suivi du retour heureux à la terre, au calme et au repos (Langevin 2010, p.61). Langevin constate également que ce sont les valeurs régionales qui tracent l’ensemble des cadres interprétatifs puisque ces valeurs sont le plus souvent connotées, c’est-à-dire qu’elles tracent explicitement les références d’une région donnée (toponymique, petite histoire locale, idiolecte, style, etc.). Ce retour en région est celui qui répare les déceptions et qui referme la boucle de la dépossession. Dans cette logique, un nouveau rapport survient puisque quitter la ville peut aussi représenter l’exutoire du branle-bas de combat, du stress et de l’aliénation au travail arrivée à son paroxysme. On adopte un point de vue extérieur à la région ou à la campagne, perçues comme un endroit de repos, d’accès au calme et à la nature, bien qu'il n’en ai pas toujours été ainsi. Le régionalisme valorisait le travail acharné de l’habitant et l’exigence du labeur perpétuel réclamé par la terre. À sa manière, l’imaginaire de la ville peut, à son tour, présenter la vie urbaine comme échappatoire du corps et de l’esprit...
Cela dit, partir de «l’Empire du Milieu», c’est quitter la grande ville, pour se diriger en région afin de se relâcher, de se déconnecter et, peut-être, de brosser. Cette analogie emprunte au cheminement vécu par le Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP), un groupe ayant touché au réel Empire pour en ramener un bout au Québec. Étonnamment, cette formation de musique folk-bluegrass libre et engagée est née en Chine, dans la ville de Kunming, où Nick Laflamme, mandoliniste, Charles Hudon, violoniste ainsi que le chanteur et compositeur Jean-Philippe Tremblay (Le Pad) se sont rencontrés. Le dualisme créé entre l’Empire du Milieu et le Québec est en quelque sorte une forme de métaphore de la dynamique qui sépare la métropole et les régions du Québec… en dehors du fait que certains gens de la ville perçoivent les régions comme si elles se trouvaient à 5000km! D’un côté, la Chine et Montréal sont une source d’inspiration et un lieu de rencontre. De l’autre, revenir au Québec et voyager en région évoquent le retour aux sources, tinté du calme de revoir la maison et de l'euphorie à l'idée de fêter avec les siens.
L’illustration ci-contre évoque autrement le dualisme ville-région exprimé par le folk sale. L’illustration se scinde en deux: à gauche nous retrouvons l’image d’un des membres du groupe du QRBP en pleine séance de body surfing, langue sortie, à allure punk. Pourtant, la scène n’est pas tirée d’un spectacle de punk ou de métal, mais bien d’un de folk sale. Nous représentons ainsi la fougue et l’ambiance de fête qui prédomine dans le folk sale. À droite, c’est Montréal, présentée de façon inhabituelle comme une ville plutôt monotone, sans couleur, inerte.
L’image illustre bien la coupure au cœur du folk sale. C’est cette rupture, ce mouvement qui nous extirpe de la ville, qui nous propulse en région et nous lance dans la fête et la folie. Il fut possible d’en arriver là, avec la rotation que nous avons fait subir aux deux images respectives, afin de créer cet effet de propulsion. Imaginez ce bar tout simple ou cette scène en plein air qui accueille un groupe de folk sale. Eh bien, cet effet de propulsion devient perceptible tant dans la foule que chez les membres du groupe, probablement dû à la proximité qui s’installe entre les deux, transformant ainsi un lieu bien banal, à première vue, en un endroit quasiment mythique. |
Face A: L'ascension à boire debout
Le processus qui nous amène à quitter la ville est une escapade bien spéciale en soi, une «route de la soif», pour reprendre le titre du récent court-métrage filmé et réalisé par Daniel Boivin. Le film d’une trentaine de minutes présente une tournée du groupe effectuée en Chine en 2011. Considérant le matériel présenté, le groupe expose l’état d’esprit dans lequel le voyageur se place face à son périple vers la région. La face A de la liste de lecture peut en être le reflet. Cette liste présente une sorte d’ascension vers ce caractère festif recherché, cette brosse que les gens vont vivre en région, que ce soit dans un petit bar du Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, de l’Abitibi-Témiscamingue ou directement à l’Auberge festive Sea Shack de Saint-Anne-des-Monts, lieu ayant probablement accueilli la totalité des groupes de folk sale québécois. Le folk sale nous pousse à quitter la ville, à parcourir plusieurs heures de voiture, tant pour s’immerger dans la foule d’un spectacle que pour écouter notre chum guitariste reprendre les morceaux interprétés par le groupe de la veille.
Au tout début de l’ascension, on quitte Montréal avec l’aide du sextuor montréalais Les Chiens de Ruelles, un groupe qui partage une énergie festive et acoustique, poussant des sujets engagés en faisant notamment des références d’actualité politique. Inspirés par Bernard Adamus et le QRBP, le deuxième album du groupe permet de se mettre dans l’atmosphère de roadtrip, avec un harmonica sensible et festif:
J’m’en vas d’Montréal, |
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Ensuite, on glisse vraiment dans cet idéal recherché par les membres de QRBP soit quitter l’Empire du milieu (la Chine) pour finalement profiter du retour à la région, notamment du retour au Québec. Cette dualité se présente textuellement dans la pièce au temps rapide «Envoye aux racines ». Tirée de leur troisième album Scandales et Bonne Humeur, on perçoit dans cette pièce que le chanteur, Le Pad, est bien heureux de retourner chez lui, même s’il ne s’y reposera pas:
Parti de l’empire du Milieu |
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Ce troisième album nettement supérieur aux précédents sur le plan de la réalisation offre plus de relief au jeu du chanteur, le Pad, ainsi qu’à celui des remarquables musiciens.
Ça continue avec Bernard Adamus, sans contredit l’artiste ayant connu la plus grande percée médiatique en liste. Dans «Entre ici pis chez vous», de l'album No 2, il nous parle de la 175 nord, du paysage qui nous inviteet qui nous dit, surtout, qu’avant de reprendre la 175 vers le sud, «la veillée va être un peu rude». On parle du Saguenay, de «leu’ façon d’dire leur belle parlure», de la façon dont la fête s’est «starté[e] à l’IPA en après-midi à’ Voie Maltée [de Chicoutimi]». Adamus raconte ensuite que «ce soir-là [il] était chaud comme un poêle» et qu’il a «du fun l’autre bord du parc». La musique accompagnant la pièce dénote une ambiance texturée, festive, mordante et surtout entraînante.
Avec Ragoût, un groupe originaire de Beloeil, on demeure dans le même créneau: une musique évoquant la fête et qui nous pousse à se «paqueter la face». Bien que le groupe ait connu moins d’effervescence sur le plan médiatique, les paroles et le rythme que l’on retrouve dans la pièce «Witchawichayink/SÉPAQ» forment une sorte d’exutoire qui réside dans cette idée de la région:
Quand j’feel l’angoisse, |
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C’est en novembre 2012 que la formation composée de Félix-Antoine Goulet-Dion, Olivier Hamel et Maxime Caron, ainsi que d’une étudiante à l’Université de Montréal en interprétation jazz originaire d’Alma, Anne-Sophie Dorée-Coulombe, donnait naissance à Ragoût. Musicalement, on entend entre autres, des cajons (caissons de percussion en bois originaires du Pérou), des shakers brésiliens (surtout utilisés en bossanova) et des valises utilisées en guise de grosse caisse.
En piste 5, QRBP signe l'apogée et confirme qu’on «est b’en plus cool su’a brosse»: «C’est b’en plus plaisant saoul [...] quand chus pas chaud j’ai pas de fun, moi j’aime avoir des affaires à dire, pis à dire sur toute». C’est le zénith de l’ascension à boire, l’atteinte de cet état de brosse qui nous poussait à nous rendre en région.
Après tout ce chemin parcouru vers la ville du vice, on parvient enfin à atteindre cet état de non-retour, puisqu’il nous est impossible de reprendre la route en fin de soirée. |
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Face B: Relever de brosse
En face B, la liste de lecture nous propose une sorte de déclin, un retour à la réalité, la fin du moment d’euphorie. On réalise que les problèmes s’affichent, tant sur le plan individuel que sociétal, que l’ascension n’est pas sans fin. À ce titre, le jeu des instruments à cordes dans la pièce «Joue avec ta vie» (2015) de l’album Sweet Mama Yeah! par le Québec Redneck Bluegrass Project lance une série de rebondissements et de questionnements, comme si la vie de quelqu’un nous défilait dans les oreilles. Le thème de la chanson aux allures de requiem est la mort. Une introduction longue et un tempo qui s’accélère progressivement… La rapidité du rythme laisse s’installer le doute, les questions s’accumulent et, curieusement, la religion s’infiltre dans le propos de la pièce:
Si jamais j’passais l’arme à droite […] |
Qu’est-ce qu’il veut monsieur le Bon Dieu, |
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Ces paroles font explicitement référence à la religion catholique en y critiquant ouvertement le prosélytisme, la doctrine sur l'avortement et les guerres de religion menées par les «armées de fidèles». En abordant la religion, même en pointant le revers de la médaille, on ramène sur le tapis un élément central du régionalisme traditionnel québécois.
Le deuxième thème développé dans la chanson est la mort, ou plutôt les manières de mourir en spécifiant que mourir de vieillesse serait «trop plate» et qu'il vaudrait mieux quitter la vie autrement :
Une mort à l’héroïne serait héroïque, |
Plutôt que d’accéder au paradis ou de chercher à devenir un ange on préfère ici jouer avec sa vie de façon minimaliste, en évitant de tomber dans le sensationnalisme hollywoodien et en se limitant aux choses plutôt simplistes comme la caisse de 24 [bières]: «le paradis yé su’a pancarte qui dit 20 piastres la 24».
Ensuite arrive le groupe Faudrait faire la Vaisselle qui, par leur nom, peut suggérer la fin d’une soirée ou d’un week-end assez festifs. La pièce «Caniveau» se présente comme une analogie de ce lendemain de veille, ce moment où l’amateur de folk sale réalise la situation dans laquelle il se trouve, ce caniveau qui le transporte vers le côté sombre de l’ivresse:
Si tu bois pour oublier |
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Dans ce titre de l'album Frenches et Dégout à Almos (détournement du titre du film culte de Terry Gilliam où le mot-valise combinant Alma et Amos se substitut à Las Vegas ), c’est la fin, et on ne peut que se remémorer la soirée de la veille, aussi épuisante fût-elle.
L'avant dernière pièce de la compilation nous vers le groupe Canailles et l’éloge du dimanche. Ce moment qui marque la fin du week-end, mais aussi la fin des festivités. En contraste, Canailles fait ici référence aux jours bruyants, ceux pendant lesquels les gens concernés ont profité, voire à dépasser, certaines limites:
Dis-moi dimanche, c'est quand que t'arrives dimanche ? |
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Finalement, le tout dernier titre en lice nous amène pour la quatrième fois vers QRBP, qui témoigne ici des conséquences de la veille. Sur un ton un peu moins prometteur qu’au début «Je r’leve de Brosse», nous confirme la force de la soirée de la veille:
On aura eu du gros fun dru, |
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Culte de contre-culture
Malgré la fin du Fabuleux Festival International de Folk Sale en 2014, le folk sale continue à gagner du terrain, tant en ville qu’en région. Quand on pense au folk sale, il ne faut pas croire que l’appréciation du genre ne dure que le temps d’une soirée; les adeptes de musique sont plutôt bien servis. En misant sur des paroles frôlant constamment des histoires réelles, les artistes se placent dans une certaine posture pour partager leur vécu et ainsi parvenir à le chanter. Voilà qui explique cette ivresse continuelle. En optant pour des textes racontés et abordant un langage très oral, le discours employé renvoie à leurs soirées de fête, leurs histoires caricaturales ou leurs périples de tournées. Ajoutons que les groupes choisis sont musicalement très intéressants de par la richesse offerte dans leurs prestations musicales: on dénote des artistes talentueux, des touche-à-tout, des expérimentateurs d’une multitude d’instruments à cordes et à percussion. Ainsi, ils proposent une diversité sonore et des rythmes qui nous font danser. Typique du folklore québécois et du bluegrass, avec une touche de saleté et une pincée de débandade, le folk sale contribue à renégocier le régionalisme à travers son œuvre.
La musique du folk sale, conjointement lié à cet esprit de fête, pousse la polarisation ville-région au Québec, créée par cet état de plaisir dans lequel on veut se plonger en quittant la ville, croyant qu'il sera accentué en région. Le Québec Redneck Bluegrass Project le démontre clairement dans son court-métrage mentionné plus haut, La route de la soif. Le folk polarise également selon d’autres aspects qui pourraient être intéressants à soulever tels que la réception mitigée du public ou le lexique à haute teneur en joual privilégié par les groupes: un vocabulaire cru et ne donnant pas dans la soie. En effet, à l’égard du niveau de langage choisi, les artistes qui s’inscrivent dans le folk sale ne font pas l’unanimité auprès des fervents défenseurs du «français correct» (Martel 2011). À voir le contrebassiste de QRBP François Gaudreault tenir en équilibre debout sur son instrument durant les spectacles, on finit par comprendre à quoi mènent ces soirées survoltées en leur présence. Le folk sale est l’occasion de vouer un certain culte à la nature, à la région et à cette proposition de contreculture québéco-américaine. Il nous permet de refonder les attentes du régionalisme en considérant la réalité contemporaine et les nouvelles ressources comme la découverte, le voyage et le transport ville-région facilités par le covoiturage, les réseaux sociaux et le monde du Web. Cette refonte accentuée par les artistes et la musique marque un parallèle avec cet attachement voué aux traditions québécoises. Est-ce une soif de survivance qui refait surface? L’expérience vécue en région, aussi momentané soit-elle, même pour un week-end seulement, permet un ressourcement particulier. Loin de la ville, cet instant passé à renouer avec l’imaginaire du folklore, cette occasion de revivre certaines valeurs et de consolider cet attachement à l’histoire et au langage québécois se présente naturellement. Ça va de soi.
Sources
BERGERON, Yves. 2009. «Compte rendu de GAUTHIER, Serge. Un Québec folklorique. Essais sur la folklorisation tranquille de Charlevoix et du Québec. Les éditions du Québécois, 2008, 198», Rabaska: revue d'ethnologie de l'Amérique française, vol. 7, p.194-196.
CHOUINARD, Roxane. 2014. «Du gros folk sale pour fêter autour d’un feu de camp!», Les Nerds, Musique, 1er juillet 2014.
DE GUISE, Alice. 2015. «Québec Redneck Bluegrass Project: Du folk à boire», Le Courrier de Saint-Hyacinthe, Culture, 10 décembre 2015.
Fabuleux festival international de folk sale (FFIFS).
GAUTHIER, Serge. 2008-2009. «Charlevoix ou la création d’une région folklorique dans la méthodologie des premiers folkloristes québécois», Port Acadie: revue interdisciplinaire en études acadiennes, no 13-14-15, 2008-2009, p. 63-70.
LANGEVIN, Francis. 2010. «Un nouveau régionalisme?», Voix et Images, vol. 36, no1 (106-Narrations contemporaines au Québec et en France : regards croisés), automne 2010, p. 59-77.
LESNES, Corine. 2015. «Le festival Burning man se brûle les ailes», Le Monde, 4 septembre 2015.
MARTEL, Joël. «Québec Redneck Bluegrass Project: Regarde les Chinois», Voir, Musique, 21 juillet 2011.
PAPINEAU, Philippe. 2015. «La voie parallèle de Québec Redneck», Le Devoir, Musique, 16 juillet 2015.
BERGERON, Yves. 2009. «Compte rendu de GAUTHIER, Serge. Un Québec folklorique. Essais sur la folklorisation tranquille de Charlevoix et du Québec. Les éditions du Québécois, 2008, 198», Rabaska: revue d'ethnologie de l'Amérique française, vol. 7, p.194-196.
CHOUINARD, Roxane. 2014. «Du gros folk sale pour fêter autour d’un feu de camp!», Les Nerds, Musique, 1er juillet 2014.
DE GUISE, Alice. 2015. «Québec Redneck Bluegrass Project: Du folk à boire», Le Courrier de Saint-Hyacinthe, Culture, 10 décembre 2015.
Fabuleux festival international de folk sale (FFIFS).
GAUTHIER, Serge. 2008-2009. «Charlevoix ou la création d’une région folklorique dans la méthodologie des premiers folkloristes québécois», Port Acadie: revue interdisciplinaire en études acadiennes, no 13-14-15, 2008-2009, p. 63-70.
LANGEVIN, Francis. 2010. «Un nouveau régionalisme?», Voix et Images, vol. 36, no1 (106-Narrations contemporaines au Québec et en France : regards croisés), automne 2010, p. 59-77.
LESNES, Corine. 2015. «Le festival Burning man se brûle les ailes», Le Monde, 4 septembre 2015.
MARTEL, Joël. «Québec Redneck Bluegrass Project: Regarde les Chinois», Voir, Musique, 21 juillet 2011.
PAPINEAU, Philippe. 2015. «La voie parallèle de Québec Redneck», Le Devoir, Musique, 16 juillet 2015.
Face A: L’ascension à boire debout
1. Chiens de ruelles, «Mon ch’val», C’pas près d’changer (Le Son du Baril, 2014).
2. Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP), «Envoye aux racines», Scandales et Bonne Humeur (So Danger!, 2014).
3. Bernard Adamus, «Entre ici pis chez vous», No2 (Grosse Boîte, 2012).
4. Ragoût, «Witchawichayink/SÉPAQ», Ça sent l’bois, ça sent l’fleuve (2015).
5. QRBP, «Chu ben plus cool su’a brosse», Sweet Mama Yeah! (So Danger!, 2010).
1. Chiens de ruelles, «Mon ch’val», C’pas près d’changer (Le Son du Baril, 2014).
2. Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP), «Envoye aux racines», Scandales et Bonne Humeur (So Danger!, 2014).
3. Bernard Adamus, «Entre ici pis chez vous», No2 (Grosse Boîte, 2012).
4. Ragoût, «Witchawichayink/SÉPAQ», Ça sent l’bois, ça sent l’fleuve (2015).
5. QRBP, «Chu ben plus cool su’a brosse», Sweet Mama Yeah! (So Danger!, 2010).
Face B: Relever de brosse
1. QRBP, «Joue avec ta vie», Sweet Mama Yeah! (So Danger!, 2010).
2. Faudrait faire la vaisselle, «Caniveau», Frenches et Dégout à Almos (2015).
3. Canailles, «Dimanche», Manger du bois (Grosse Boîte, 2012).
4. QRBP, «Je r’leve de brosse», Sweet Mama Yeah! (So Danger!, 2010).
1. QRBP, «Joue avec ta vie», Sweet Mama Yeah! (So Danger!, 2010).
2. Faudrait faire la vaisselle, «Caniveau», Frenches et Dégout à Almos (2015).
3. Canailles, «Dimanche», Manger du bois (Grosse Boîte, 2012).
4. QRBP, «Je r’leve de brosse», Sweet Mama Yeah! (So Danger!, 2010).