Exit de Jean Leloup ou chronique d’une mort annoncée
par Virginie Daigle
- Quelle est votre plus grande ambition dans la vie?
- Devenir immortel, et puis, mourir.
(Jean-Luc Godard, À bout de souffle, 1960 )
- Devenir immortel, et puis, mourir.
(Jean-Luc Godard, À bout de souffle, 1960 )
Au début des années 2000, le chanteur populaire québécois Jean Leloup jouit d’une carrière enviable. Son album La vallée des réputations est alors très apprécié par le public et la critique, et lui-même se produit régulièrement en spectacles. C’est à ce moment qu’il choisit d’annoncer publiquement son retrait de la scène musicale, du moins en tant que Jean Leloup, un titre aux multiples facettes déjà. Le chanteur procédera alors à mettre en scène la mort de ce personnage dans l’album Exit auquel est joint le documentaire La mygale jaune, qui tient à la fois du road movie et du spectacle filmé. Cette mise à mort est un geste pour le moins singulier, qui laisse encore perplexe aujourd’hui une grande partie du public.
Que représente dans la carrière de Jean Leloup cette œuvre de mort, cette grande sortie dépeinte dans Exit? Que signifie-t-elle par rapport à la persona du chanteur et à sa relation avec le public? Et que penser de sa résurrection relativement nonchalante, peu de temps après?
Que représente dans la carrière de Jean Leloup cette œuvre de mort, cette grande sortie dépeinte dans Exit? Que signifie-t-elle par rapport à la persona du chanteur et à sa relation avec le public? Et que penser de sa résurrection relativement nonchalante, peu de temps après?
Leloup le menteur
La venue au monde de Jean Leloup n’était pas moins significative que sa mort symbolique. Le premier opus de Leloup paraît en 1989 dans des circonstances particulières. En effet, dès son lancement, le chanteur proteste contre la divergence significative entre ses textes, sa vision des choses, et les arrangements musicaux. En entrevue avec La Presse il affirme alors : «Je me suis arrangé pour entrer dans la machine du showbiz. […] Et j'ai dû me faire menteur sur disque pour faire plaisir à l'industrie.» (Lavoie 1989) La position de départ de Jean Leloup, conflictuelle, témoigne d’une certaine ambiguïté par rapport à la production commerciale. Dans la même entrevue, le journaliste Denis Lavoie note cette dissension chez l’artiste:
Depuis qu'il fait sérieusement carrière, il est devenu Jean Leloup, pseudonyme qui illustre son esprit agressif à l'endroit des cruels requins de l'industrie du disque. |
Dans les années qui suivent, jusqu’en 1996 [Note 1], Jean Leloup se présente au public québécois comme un personnage assumé: il se distingue surtout par ses costumes excentriques et flamboyants: chapeau haut-de-forme, complet rayé et boas multicolores. Dans ses premiers spectacles, il agit à la manière du maître de cérémonie d’un cirque tout en discourant à l’excès. Leloup dira à la télévision: «Quand j’ai monté le premier show, j’étais MC [maître de cérémonie], j’avais pas de guitare dans les mains, j’avais décidé de prendre juste le micro […] faque j’ai dit ben là, le monde ils sont loin faque il faut qu’ils m’voient. […] faque là je mettais des costumes pis j'étais rendu avec douze boas» (Chabada 1995). Il explique aussi qu’il avait élaboré un historique de ce personnage: plus les ventes et le public augmentaient, plus les atours du personnage se multipliaient pour devenir un fardeau de plus en plus encombrant. «À la fin, moi j’aurais aimé ça crouler sous les chapeaux.»
Cette bizarrerie fascine le public, mais crée une barrière qui éloigne le chanteur et sa musique. André Ducharme le remarque dans L’Actualité en 1997: «Si Jean Leloup a pratiqué la mode antihygiéniste, ongles crasseux et poils gras en vedette, il a aussi adopté autant de looks qu'Elton John, sombrant sous les boas, les plumes, les chapeaux, voire le ridicule. […] Leloup a longtemps avancé masqué.» (Ducharme 1997)
Puis, avec l’album Le dôme, Leloup procède à un certain dépouillement de son image. Il se distancie de la théâtralité de son personnage afin de gagner en crédibilité et en légitimité comme musicien (Chabada 1995). Lorsque Grégory Charles lui avait demandé: «Qu’est-ce qui est arrivé, Jean, aux chapeaux pis aux costumes, qu’est-ce qui est arrivé à ça?», Leloup avait répondu: «Ils ont disparu dans le déménagement (rires). Il y a eu un déménagement assez subtil où vraiment j’étais écœuré, faque j’ai lancé pas mal d’objets dans des boîtes, pis là-dessus y’avait des chapeaux.» À cette époque, dira-t-il, il souhaitait davantage «jouer de la guitare» et le costume l’en empêchait. |
Jean joue de la guitare
Cette posture de guitariste chez l’artiste est confirmée par l’importance qu’occupera la chanson «Je joue de la guitare» dans sa carrière. «Je joue de la guitare, donc je suis», pourrait-on paraphraser. L’album de compilation best-of de Leloup, s’intitule aussi Je joue de la guitare (2005). C’est peut-être parce que Jean Leloup tient à ce qu’on se souvienne de lui en tant que guitariste, en oubliant le personnage qu’il fut. La guitare est un moyen d’affirmation identitaire, ainsi qu’un symbole essentiel du rock’n’roll. D’où la nécessité de la brûler, en compagnie de son haut-de-forme, dans Exit.
Exit: sortie de secours
Dans la série Les années diffusée sur Musimax, l'émission consacrée à Jean Leloup contient ce mot du producteur Laurent Saulnier: «Leloup s’est toujours mis en scène lui-même, pour moi sa mort c’était ça aussi». Produit sous le nom de Jean Leclerc avec Martin Laporte, Thien Vu Dang et Carlos Soldevilla, Exit est un document funèbre, pour dénoncer la mise-en-scène du star-système. C’est également un testament jeté au vent, entre cérémonie et nonchalance, une quête pseudo-identitaire d’un homme déçu par les valeurs scintillantes mais creuses du rock’n’roll.
Exit se déroule de deux manières, l'une auditive, avec deux albums d’enregistrements devant public, et l'autre audio-visuelle, avec le documentaire La mygale jaune. Ce film montre Jean Leloup en deux temps: d’une part on le voit décider de brûler sa guitare et de se rendre à la rivière Yamaska, lieu de son bûcher symbolique. En chemin, il se livre à quelques réflexions sur sa vie et sur son statut de rock star. Ce statut est selon lui la cause de son inadaptation sociale. Ce périple est entrecoupé du spectacle d’adieu où, vêtu à la Jean Leloup, haut-de-forme et complet rayé, il reprend plusieurs de ses succès, ultime tentative pour exorciser à jamais l’esprit délirant du personnage.
Le film se termine avec un Jean Leloup qui met sa guitare et son chapeau en feu sur un radeau abandonné à la rivière, et qui reprend ensuite son chemin. Heureux, Leloup redevient Leclerc, supposément libéré du poids écrasant de la vie de rock star.
Exit se déroule de deux manières, l'une auditive, avec deux albums d’enregistrements devant public, et l'autre audio-visuelle, avec le documentaire La mygale jaune. Ce film montre Jean Leloup en deux temps: d’une part on le voit décider de brûler sa guitare et de se rendre à la rivière Yamaska, lieu de son bûcher symbolique. En chemin, il se livre à quelques réflexions sur sa vie et sur son statut de rock star. Ce statut est selon lui la cause de son inadaptation sociale. Ce périple est entrecoupé du spectacle d’adieu où, vêtu à la Jean Leloup, haut-de-forme et complet rayé, il reprend plusieurs de ses succès, ultime tentative pour exorciser à jamais l’esprit délirant du personnage.
Le film se termine avec un Jean Leloup qui met sa guitare et son chapeau en feu sur un radeau abandonné à la rivière, et qui reprend ensuite son chemin. Heureux, Leloup redevient Leclerc, supposément libéré du poids écrasant de la vie de rock star.
Le grand méchant Leloup
Une particularité de Leloup ressort d’Exit, soit la relation problématique qu’il entretient avec son public. Pourquoi détruire une icône que l’on sait appréciée par plusieurs, si ce n’est que la foule aurait eu tort de l’adorer? Certains échanges entre lui et la foule que l’on trouve répertoriés dans Exit viennent soutenir ce propos, notamment dans « Antiquaire»:
[S’adressant au public] Ça va? […] Mesdames et messieurs, [plus insistant] Mesdames et messieurs? [cris de la foule] Maintenant... [sur un ton didactique] Mesdames et messieurs, maintenant, mainten… [nouveaux cris, Leloup s’interrompant, reprenant un accent plus québécois] Non, non, r’garde là, [ton démagogue] mesdames et messieurs pas "yeah", pas tout le temps "yeah", juste calme. |
Dans ce passage Leloup est en opposition avec l’attitude de son public, dont il tente de réfréner les cris et l’enthousiasme. Leloup essaie par ses commentaires de rediriger l’attention de la foule vers la musique, plutôt que vers son personnage. L’insatisfaction probable de Leloup qui tente d’éduquer la foule démontre bien son ambivalence par rapport à son image de chanteur populaire. «Ça devient ridicule le vedettariat, tu sais plus si c'est ta musique ou toi qui intéresse le monde» (Guérin 1996), avait-il déclaré en entrevue. Leloup se heurte constamment à cette problématique et Exit serait peut-être un moyen pour lui de tuer le vedettariat tout en conservant la musique au travers du nouveau Jean Leclerc.
Cette attitude ambiguë parsème Exit. Dans une entrevue accordée à Musique Plus (2004) dans les coulisses juste avant le spectacle du lancement, Leloup s’adresse à la caméra et dit, en se référant à la foule déjà exaltée :
Cette horde de petits calices et de petits tabarnacs veulent m'empêcher d'avoir une épouse et des enfants mais j'arrête. J'arrête, un jour je me marierai, moi aussi j'aurai des enfants, non je ne serai pas toute ma vie Jean Leloup le rocker, le rocker lubrique. Je serai un jour capable d'épouser une épouse... Aah Aah ils m'appellent. J'vas aller dire bonjour à ma petite crowd. |
Ici, Jean Leloup alterne entre deux positions : il prend son public en aversion, le blâmant pour ses échecs personnels, mais tout en montrant qu’il n’est pas insensible aux charmes de l’adulation. Il dira par après dans le documentaire: «Tous mes os sont cassés, toute ma personne est maganée, je vais encore affronter une foule de pleins de marde. Je vais sortir victorieux.» On voit comment Leloup choisit de s’ériger dans le conflit et comment le public est pour lui en constante oscillation entre l’ami et l’ennemi, provoquant des moments de convivialité et de partage, puis en une seconde, d’aversion profonde.
Ce que Leloup voudrait, c’est la musique et l’argent de la musique, sans avoir à payer la rançon de la gloire. Il laisse entendre en entrevue à Musique Plus que le succès de sa carrière musicale mène inévitablement à son échec social :
Jean Leloup : Ça a gâché ma vie complètement. |
Leloup se refuse encore et toujours au système établi, il méprise le concept de star de la musique. Dans un passage du film, se promenant dans la rue, il dit, à la manière d’un précepte:
Les gens qui comprennent pas le rock'n'roll pensent que les rockers devraient arriver en limousine. Les rockers doivent arriver à pieds, avec beaucoup de bagages dans les mains, pis l'air de mauvaise humeur. Un vrai rocker ne se fait jamais trimbaler en limousine car ça prouve qu'il est la pute d'une compagnie de disque (rires forcés) ha ha ha ha… |
Également, le livret d’Exit banalise la situation économique des musiciens :
Après quelques années de succès, l’artiste par la poste recevra la feuille d’impôts et sera étonné de l’ampleur de la somme qu’il préférera oublier. / Les intérêts s’accumulent. Un jour enfin, quand tout est dépensé, l’impôt se jette sur lui. / C’est la saisie. |
Ces passages ternissent le prestige de chanteur populaire. L’artiste est associé à une «pute» qui se vend pour de l’argent. Dans le deuxième extrait, on renchérit sur l’aspect économique qui régit la vie de l’artiste et corrompt son œuvre. Le succès n’est pas présenté comme valeureux; il met l’artiste entièrement à la merci d’un système financier impersonnel.
Il n’est pas surprenant qu’une des paroles les plus célèbres de Leloup soit, dans «Je joue de la guitare» : «Fuck the system do it do it yeah!». Elle est emblématique de toute une attitude. On peut considérer plusieurs des gestes de Leloup comme une tentative de «fucker» ce système de l’intérieur : il se tue, renaît, tient des discours insensés en entrevue [Note 2], mais Exit témoigne aussi d’une certaine fatigue par rapport à ce jeu qu’il ne peut plus s’empêcher de jouer.
«Qu’on m’encense et me loue» : images de l’artiste dans La mygale jaune
Exit emploie divers signaux visuels qui magnifient la figure de Jean Leloup. On l'a déjà dit, le haut-de-forme renvoie au cirque, mais évoque également le dandy, un homme excentrique et distingué. Cet accessoire un peu suranné est un signe de marginalité notoire. Dans La mygale jaune, le maquillage occupe aussi une place importante : on voit Leloup se dessinant des croix noires sur chacune des joues à l’aide de crayons feutres, ces marques lui conférant une apparence à mi-chemin entre le clown et l’indigène. Elles provoquent un effet particulier, lorsqu’au cours du concert filmé on voit la sueur du chanteur faire couler l’encre le long de son visage, comme pour accentuer la décomposition de la «figure» de Jean Leloup. Autre signe visuel digne de mention, la décoration de la scène consiste en une énorme étoile, faite de plusieurs ampoules et qui clignote de diverses façons. Il est facile d’y voir ici un clin d’œil au star-système auquel Jean Leloup souhaite justement faire ses adieux.
L’audio d’Exit offre également de nombreuses pistes de lecture. Pour ce projet, Jean Leloup a choisi de monter un spectacle en format big band. En effet, il est assisté sur scène de deux trompettistes, deux trombonistes, deux saxophonistes et trois choristes. Cela participe à l’agrandissement de la personnalité et donne à la musique un aspect hors du temps. Exit délaisse les arrangements trop pop pour un ensemble plus jazz et plus rock à la fois. Leloup laisse entendre que la répétition des mêmes succès aura grandement contribué à sa décision de quitter le vedettariat. Dans une entrevue peu de temps après sa mise à mort, il dit : «Je chantais des tounes, j’avais des hits qui revenaient à tous les shows, que le monde demandait. Ils voulaient toujours Isabelle, pis je trouvais ça plate.» (Rezzonico 2006) Cette pensée se fait sentir dans les interprétations qui se trouvent sur le disque d’Exit intitulé Leloup Big Band. Ses versions de «Cookie» et «Isabelle» sont complètement déconstruites et revisitées, surtout «Isabelle» qu’il chante si rapidement qu’elle en devient presque incompréhensible, comme s’il souhaitait s’en débarrasser.
Certaines chansons d’Exit abordent directement le thème de la mort de l’artiste, notamment «Je suis parti», «Les remords du commandant» et «Promeneur». La première possède la thématique de l’identité maudite. Leloup y ajoute des paroles: «Régulièrement, régulièrement les arbres poussent dans les champs. Régulièrement, régulièrement je participe à mon enterrement, régulièrement tout bouge tout recommence, tout tourbillonne régulièrement». La référence à l’enterrement est ici particulièrement significative.
«Les remords du commandant» traite d’une relation problématique avec la gloire. Son personnage de l’«homme célèbre» y dit : «D'aussi loin que me souvienne/ J'adorais avant tout/ Qu'on m'encense et me loue». Plus loin les paroles montrent que ce désir du succès entraine à la fois la folie et les remords :
L’audio d’Exit offre également de nombreuses pistes de lecture. Pour ce projet, Jean Leloup a choisi de monter un spectacle en format big band. En effet, il est assisté sur scène de deux trompettistes, deux trombonistes, deux saxophonistes et trois choristes. Cela participe à l’agrandissement de la personnalité et donne à la musique un aspect hors du temps. Exit délaisse les arrangements trop pop pour un ensemble plus jazz et plus rock à la fois. Leloup laisse entendre que la répétition des mêmes succès aura grandement contribué à sa décision de quitter le vedettariat. Dans une entrevue peu de temps après sa mise à mort, il dit : «Je chantais des tounes, j’avais des hits qui revenaient à tous les shows, que le monde demandait. Ils voulaient toujours Isabelle, pis je trouvais ça plate.» (Rezzonico 2006) Cette pensée se fait sentir dans les interprétations qui se trouvent sur le disque d’Exit intitulé Leloup Big Band. Ses versions de «Cookie» et «Isabelle» sont complètement déconstruites et revisitées, surtout «Isabelle» qu’il chante si rapidement qu’elle en devient presque incompréhensible, comme s’il souhaitait s’en débarrasser.
Certaines chansons d’Exit abordent directement le thème de la mort de l’artiste, notamment «Je suis parti», «Les remords du commandant» et «Promeneur». La première possède la thématique de l’identité maudite. Leloup y ajoute des paroles: «Régulièrement, régulièrement les arbres poussent dans les champs. Régulièrement, régulièrement je participe à mon enterrement, régulièrement tout bouge tout recommence, tout tourbillonne régulièrement». La référence à l’enterrement est ici particulièrement significative.
«Les remords du commandant» traite d’une relation problématique avec la gloire. Son personnage de l’«homme célèbre» y dit : «D'aussi loin que me souvienne/ J'adorais avant tout/ Qu'on m'encense et me loue». Plus loin les paroles montrent que ce désir du succès entraine à la fois la folie et les remords :
Est-ce cette âpreté |
La chanson «Promeneur» porte sur le départ et le suicide et c’est aussi celle qui clôt la portion spectacle du documentaire. Après environ trois minutes, ce morceau devient «Je joue de la guitare» qui énonce : «J’ai peur de partir comme un fou vers la mort». Puis le chanteur décide d’interrompre brusquement son morceau, en disant nonchalamment : «et cetera, et cetera.» De ce fait il banalise son propre travail, toujours dans cette posture oscillant entre le grandiose et l’indifférence.
La chanson finale d’Exit est «Poupée de porcelaine», une réinterprétation de La muse et le museau, autre pièce de La vallée des réputations. Il s’agit, contrairement aux autres pièces enregistrées devant public, d’une interprétation intime, beaucoup plus mesurée et légère. Elle est interprétée dans ce qui semble être l’appartement de Leloup, sur la guitare qu’il a décidé de brûler. Le documentaire se clôt donc sur ce qui semble être le chant du cygne de cet instrument, qui, Leloup précise avec émotion, «a toute son âme. Tout son petit caractère.» |
Chapitre "La poupée de porcelaine", extrait du DVD La mygale jaune. Le film. (Minutage 1:08:17 à 1:10:37).
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Surimposée à la chanson, on voit la séquence de Leloup qui marche théâtralement et titube vers la rivière. La guitare devient alors à la fois une canne et un fardeau, alors que le chanteur s’enfonce et tombe dans la neige. Lorsque sa guitare en feu et en cendres part à la dérive sur la rivière Yamaska, on entend Leloup hurler «Rock'n'roll! Rock'n'roll» de façon triomphante, puis reprendre son chemin alors que son instrument s’éloigne lentement sur la rivière. Leloup évoque Jimi Hendrix en brûlant ainsi sa guitare. D’une part, on peut y voir une certaine spiritualité mise dans la musique, comme s’il s’agissait d’un geste sacrificiel visant à libérer l’âme de la guitare. D’autre part, le feu exorcise toute la portion Leloup de la vie du chanteur.
À quoi joue Leloup?
En ouverture du livret d’Exit, Leloup rédige ainsi sa lettre d’adieu :
Bonjour, |
Mais la conviction de cette mort a vacillé, et Jean Leloup demeure un être bien vivant et du même coup problématique. Après son album Mexico parut sous son vrai nom de Jean Leclerc il en a depuis sorti deux autres sous son ancien pseudonyme. Exit est l’œuvre d’un artiste fascinant qui exulte dans la contradiction et cherche constamment à contredire le système dans lequel il s’érige. Il montre le désir de variété dans sa carrière et son ambivalence par rapport au public, tant nécessaire, mais tant redouté. Mais surtout, Exit présente la fragmentation d’une identité artistique insaisissable, de ses débuts à ses nombreuses fins.
Notes
NOTE 1. «Il fait une apparition aux FrancoFolies de Montréal en 1996. Pas de chapeau haut-de-forme, pas de costumes multicolores, pas de queue-de-pie à motifs, pas le moindre boa autour du cou, Leloup s'est mis au naturel et fait preuve de simplicité.» LE CASTEL. «Biographie de Jean Leloup», http://lecastel.org/biographie.php.
NOTE 2. «C’était toujours ça; il créait des affaires que le réalisateur s’attendait pas, que l’animateur s’attendait pas, juste pour déstabiliser tout le monde». Voir, Les Années: Jean Leloup, documentaire Musimax (vers 2009).
NOTE 1. «Il fait une apparition aux FrancoFolies de Montréal en 1996. Pas de chapeau haut-de-forme, pas de costumes multicolores, pas de queue-de-pie à motifs, pas le moindre boa autour du cou, Leloup s'est mis au naturel et fait preuve de simplicité.» LE CASTEL. «Biographie de Jean Leloup», http://lecastel.org/biographie.php.
NOTE 2. «C’était toujours ça; il créait des affaires que le réalisateur s’attendait pas, que l’animateur s’attendait pas, juste pour déstabiliser tout le monde». Voir, Les Années: Jean Leloup, documentaire Musimax (vers 2009).
Sources
CHABADA. 1995. Entrevue avec Jean Leloup par Grégory Charles, émission Chabada, TVA.
DUCHARME, André. 1997. «Leloup: drôle de lièvre», dans L’Actualité, Montréal, 1er novembre.
LAVOIE, Denis. 1989. «Jean Leloup et le showbiz : Le public n'est pas dupe», dans La Presse, Montréal, 8 octobre.
GUÉRIN, Marie-Ève. 1996. «Entrevue avec Jean Leloup: Rencontre du troisième type», dans Le Soleil, 3 août.
LELOUP, Jean. 2005. 1985-2003 Je joue de la guitare. Compilation, 2 disques compacts. Audiogram, ADCD 10193.
MUSIMAX. v. 2009. Les Années - Jean Leloup .
MUSIQUE PLUS. 2004. «Entrevue pour le lancement d'Exit», InfoPlus avec Rebecca Makonnen, 21 avril 2014, 3 minutes.
TMEP. 2009. «Entrevue avec Jean Leloup: Mille excuses Milady, 1/2» à l'émission Tout le Monde en Parle, Société Radio-Canada, 17 mai.
CHABADA. 1995. Entrevue avec Jean Leloup par Grégory Charles, émission Chabada, TVA.
DUCHARME, André. 1997. «Leloup: drôle de lièvre», dans L’Actualité, Montréal, 1er novembre.
LAVOIE, Denis. 1989. «Jean Leloup et le showbiz : Le public n'est pas dupe», dans La Presse, Montréal, 8 octobre.
GUÉRIN, Marie-Ève. 1996. «Entrevue avec Jean Leloup: Rencontre du troisième type», dans Le Soleil, 3 août.
LELOUP, Jean. 2005. 1985-2003 Je joue de la guitare. Compilation, 2 disques compacts. Audiogram, ADCD 10193.
MUSIMAX. v. 2009. Les Années - Jean Leloup .
MUSIQUE PLUS. 2004. «Entrevue pour le lancement d'Exit», InfoPlus avec Rebecca Makonnen, 21 avril 2014, 3 minutes.
TMEP. 2009. «Entrevue avec Jean Leloup: Mille excuses Milady, 1/2» à l'émission Tout le Monde en Parle, Société Radio-Canada, 17 mai.