De Selma à Montgomery : la nuit où les étoiles sont sorties en Alabama
(les marches de 1965 en quatre chansons)
par Louise Hammouda
Selma, Alabama.
Les 7, 9 et 21 mars 1965, des milliers de personnes prennent la route de Montgomery, la capitale de l'État. Tous avancent vers un même objectif: que les citoyens américains noirs puissent voter sans subir des tests d’alphabétisme, de culture générale, ou toute autre discrimination. Seule la dernière marche, du 21 au 25 mars, arrive à destination. La première a été bloquée par les autorités avec violence, ce qui lui vaut le nom de «Bloody Sunday». La deuxième, prévue le 9 mars, n'a finalement pas eue lieu.
Les 7, 9 et 21 mars 1965, des milliers de personnes prennent la route de Montgomery, la capitale de l'État. Tous avancent vers un même objectif: que les citoyens américains noirs puissent voter sans subir des tests d’alphabétisme, de culture générale, ou toute autre discrimination. Seule la dernière marche, du 21 au 25 mars, arrive à destination. La première a été bloquée par les autorités avec violence, ce qui lui vaut le nom de «Bloody Sunday». La deuxième, prévue le 9 mars, n'a finalement pas eue lieu.
Soutenus par plusieurs grandes figures du Mouvement des droits civiques comme Martin Luther King Jr, Pete Seeger, Joan Baez, John Lewis et Harry Belafonte, les marcheurs ont défilé au rythme de leurs pas et des chants de lutte. Si on connaît l’air de «We Shall overcome», «A Change Is Gonna Come», «This Little Light of Mine» et «Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around», on oublie souvent leur origine. Ces chansons populaires, surnommées freedom songs, dont les racines relèvent parfois du sacré, sont devenues des hymnes du Mouvement. Retour sur leur genèse et leur impact, sur les marches de Selma et sur la société américaine des années 1960.
1964: Genèse
Avant d’aborder les trois marches de Selma, remontons dans le temps. En 1964, le président américain Lyndon B. Johnson vote le Civil Rights Act. Cette loi interdit la ségrégation dans les lieux publics, la discrimination à l’emploi et à l’inscription sur les listes électorales sur la base de la race, de la couleur, de la religion, du sexe, de l’origine nationale (Wallenfeldt 2019). L’initiative rencontre l’opposition des États du sud, où la ségrégation et les violences à caractère raciste battent leur plein. Nombre de civils, fonctionnaires et politiciens continuent de pratiquer la ségrégation et restreignent l’inscription des citoyens noirs sur les listes.
Ainsi, la lutte pour les droits civiques et la répression des opposants prennent de l’ampleur dans la Black Belt, soit la région formée de portions de l'état de Virginie, de la Géorgie, des deux Caroline et de l’Alabama jusqu’au delta du Mississippi. En fait, les frontières de la Black Belt ressemblent aux frontières des États confédérés d’Amérique. Bien que la Confédération (dont Montgomery était la capitale en 1861) ait été renversée en 1865, les onze états qui la composaient n’avaient pas cessé leurs politiques racistes et ségrégationnistes.
En réponse à ces actes et à l’inaction du gouvernement américain, plusieurs groupes et associations émergent. Le Southern Christian Leadership Council (SCLC), dirigé par Martin Luther King Jr, et le Student Non-Violent Coordinating Committee (SNCC) sont les plus influents (Wallenfeldt 2019). Ces associations organisent des marches, des Freedom Rides, des sit-in, boycottent les lieux qui pratiquent la ségrégation et se lancent dans de grandes campagnes d’enregistrement d’électeurs noirs dans le Comté de Dallas. |
Célébrités et activistes locaux engagés
En 1962, sur une idée du chanteur folk et activiste Pete Seeger, le secrétaire sur le terrain du SNCC Cordell Reagon fonde le groupe SNCC Freedom Singers (Graham 2014). Accompagné d’autres activistes comme Rutha Mae Harris, Charles Neblett et la chercheuse et chanteuse Dr. Bernice Johnson Reagon, sa future épouse, ils partent en tournée dans tout le pays. Ensemble, ils chantent et jouent dans des écoles, des lycées, des universités et même au cours de manifestations importantes, dont la Marche sur Washington, en août 1963. Le groupe focalise son répertoire musical sur d’anciens spirituals, des hymnes et des freedom songs populaires au sein du Mouvement des droits civiques. Parmi ces titres, prenons la chanson «Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around», dont on trouve un enregistrement sur la compilation Sing for Freedom: The Story of the Civil Rights Movement Through Its Songs (Smithsonian Folkways Recordings, 1990). Certains historiens de la musique supposent qu’il s’agit d’un ancien gospel, tandis que d’autres penchent plutôt pour la thèse du spiritual. Quoi qu’il en soit, les Freedom Singers remettent au goût du jour ces mots, symboles de fierté et de résistance.
Ain’t gonna let nobody |
Dans ce chant polyphonique, la première phrase est chantée par un soliste, suivi par les trois autres chanteurs en chœur. Puisque le couplet est répété plusieurs fois dans la chanson, le soliste peut improviser et changer le «nobody» de «Ain't gonna let nobody turn me 'round» pour un autre mot comme «policeman», «segregation» ou «city commission», soit une forme ou une autre de représentant du gouvernement local aux États-Unis.
Dans ce chant polyphonique, la première phrase est chantée par un soliste, suivi par les trois autres chanteurs en chœur. Puisque le couplet est répété plusieurs fois dans la chanson, le soliste peut improviser et changer le «nobody» de «Ain't gonna let nobody turn me 'round» pour un autre mot comme «policeman», «segregation» ou «city commission», soit une forme ou une autre de représentant du gouvernement local aux États-Unis.
Des morceaux comme «Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around» sont de plus en plus populaires lors des manifestations et des rassemblements d’activistes. De là, gospels et spirituals évoluent en chants de lutte, voire en hymnes. Au même moment, des artistes contemporains se joignent au Mouvement et usent de leur notoriété pour sensibiliser le grand public. Joan Baez, Nina Simone, Bob Dylan et bien d’autres composent et jouent des titres engagés. En décembre 1964, Sam Cooke sort la chanson «A Change is Gonna Come» qui paraît sur l’album Ain’t That Good News, enregistré chez RCA Studios. Le jeune chanteur afro-américain écrit, compose et interprète alors un de ses plus gros succès et affiche son engagement politique. La professeure et chercheuse à l’Université de Géorgie Barbara Harris Combs, dans son livre «From Selma to Montgomery: The Long March to Freedom», l’évoque en ces mots:
The song became emblematic of the Civil Rights Movement. In the preceding decade, blacks had made some hard-fought gains, and white Southerners opposed to those advances were fighting back. In the shadow of the long battle for civil rights, it seemed that change would have to come or continued conflict would be certain. (Combs 2014) |
Originaire du Mississippi, Sam Cooke a grandi et fait ses débuts dans le milieu religieux baptiste afro-américain. Avec «A Change is Gonna Come», il donne de l’espoir aux Afro-Américains et à tous ceux qui se battent pour le respect des droits civiques; comme s’il prêchait la venue d’une ère nouvelle. De sa voix chaude, soutenue par un orchestre de cuivres, Cooke chante un récit à la première personne, transmettant ainsi sa confiance dans le Mouvement et son émotion avec sincérité.
There been times when I thought I couldn't last for long |
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Mars 1965 : Quelques pas..
Quelque temps après la sortie du titre de Sam Cooke, après des mois de réunions et d’affrontements avec les autorités, et face à l'inaction du gouvernement, le SNCC et le SCLC préparent la marche de Selma. Le 7 mars, plusieurs centaines de manifestants se regroupent pour commencer la marche. Conscients du danger qu’ils courent, ils craignent la répression policière. Jim Clark, le shérif ségrégationniste du Comté de Dallas, réputé pour sa violence démesurée, réprime alors les quelque 600 marcheurs, soutenu par plusieurs dizaines de policiers. À l’époque, John Lewis milite au sein du SNCC, dont il est le président. Lors du Bloody Sunday, le shérif Jim Clark interpelle ce jeune militant originaire de Géorgie, le bat de deux coups de matraque et l’emprisonne (National Archives, 1965). Il sera hospitalisé, comme une cinquantaine d’autres marcheurs. Celui qui fut Démocrate de la Chambre des représentants des États-Unis jusqu'à son décès le 17 juillet 2020, se rappelle du pouvoir de la chanson «We Shall Overcome»: «It gave you a sense of faith, a sense of strength, to continue to struggle, to continue to push on. And you would lose your sense of fear. You were prepared to march into hell's fire», témoigne-t-il sur les ondes de la radio publique américaine NPR (Adams 1999).
Cela commence par un murmure et quelques notes de guitare. Puis, huit voix s’harmonisent:
«We shall overcome, someday. We shall overcome, we shall overcome, we shall overcome someday. Oh-oh deep in my heart, I do believe, we shall overcome someday».
Une voix masculine, calme, annonce le deuxième couplet: «Truth will make us free», suivi des sept autres voix.
Ces voix, ce sont celles de The Montgomery Gospel Trio et The Nashville Quartet, trois lycéennes et deux étudiants afro-américains. À la manière des spirituals, elles s’emportent dans les aigus, les graves, soulignant certaines syllabes. En 1961, le producteur Guy Carawan enregistre une version de «We Shall Overcome» avec les deux formations.
L’album We Shall Overcome: Songs of the Freedom Riders and the Sit-Ins, produit par Carawan, Moses Asch et Ronald Clyne de Folkways Records, rassemble douze des spirituals, gospels et freedom songs les plus populaires auprès du Mouvement des droits civiques, chantés et joués par Carawan et les sept jeunes (Smithsonian Institution Folkways 2019).
«We shall overcome, someday. We shall overcome, we shall overcome, we shall overcome someday. Oh-oh deep in my heart, I do believe, we shall overcome someday».
Une voix masculine, calme, annonce le deuxième couplet: «Truth will make us free», suivi des sept autres voix.
Ces voix, ce sont celles de The Montgomery Gospel Trio et The Nashville Quartet, trois lycéennes et deux étudiants afro-américains. À la manière des spirituals, elles s’emportent dans les aigus, les graves, soulignant certaines syllabes. En 1961, le producteur Guy Carawan enregistre une version de «We Shall Overcome» avec les deux formations.
L’album We Shall Overcome: Songs of the Freedom Riders and the Sit-Ins, produit par Carawan, Moses Asch et Ronald Clyne de Folkways Records, rassemble douze des spirituals, gospels et freedom songs les plus populaires auprès du Mouvement des droits civiques, chantés et joués par Carawan et les sept jeunes (Smithsonian Institution Folkways 2019).
Les paroles et la mélodie répétitives de «We Shall Overcome» rassemblent et encouragent les foules. «It is not a marching song. It is not necessarily defiant. It is a promise: “We shall overcome someday”. Deep in my heart, I do believe» assure l’animateur de radio américain Noah Adams, dans son émission All Things Considered, sur NPR (Adams 1999). Il s’agissait d’abord d’un chant de travail, raconte Adams. En 1901, un prêtre méthodiste du nom de Charles Albert Tindley publie sa version intitulée «I’ll Overcome Someday». Dès lors, le spiritual gagne en popularité dans les églises noires. Au fil des décennies, divers groupes politiques se sont appropriés la mélodie et les paroles pour les adapter à leur cause, leur contexte. On entend la chanson dans les prisons, dans les rues, les manifestations pour les droits civiques. Plus tard, en 1963, Guy Carawan s’alliera à Zilphia Horton, Frank Hamilton et Pete Seeger pour enregistrer la version la plus connue de «We Shall Overcome», chez Ludlow Music (Bobtesky 2015, Chapitre 1). Pendant les marches et les sit-in, Seeger apprendra la chanson aux manifestants, mettant en œuvre son pouvoir fédérateur.
...Une marche...
Malgré le fiasco du Bloody Sunday, le Mouvement n’en démord pas. Le 9 mars, Martin Luther King Jr, le SCLC et le SNCC rassemblent 2000 personnes pour une nouvelle marche. Si les avocats du SCLC se sont assurés que les autorités n’interrompraient pas la manifestation, le juge fédéral Frank Johnson Jr a toutefois interdit le rassemblement (Wallenfeldt 2019). À la tête du cortège, King s’est contenté d’une prière, réticent à enfreindre la loi et mettre en danger des milliers de vies. Le 15 mars, le président des États-Unis Lyndon B. Johnson, cède à la pression de Martin Luther King Jr et de ses alliés. Devant le Congrès et 70 millions de téléspectateurs américains, il prononce un discours en faveur du droit de vote universel: «Their [les Afro-américains] cause must be our cause, too, because it's not just Negroes, but really, it's all of us who must overcome the crippling legacy of bigotry and injustice. And we shall overcome», proclame-t-il (Adams 1999).
À la suite du discours, le juge Johnson autorise finalement la marche. Le 21 mars, entre 3000 et 8000 marcheurs quittent Selma, guidés par King et John Lewis, entre autres. Cette fois-ci, le président américain mobilise près de 4000 soldats américains, gardes nationaux, agents du FBI et marshals pour assurer la protection du cortège. Sur plus de 80 km, pendant cinq jours, 25 000 personnes se dirigent vers Montgomery. Tantôt, les passants qu’elles croisent sur leur chemin les encouragent, tantôt ils les huent. La tête haute, les marcheurs persévèrent.
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… et un rally
Le 24 mars, la veille de l’arrivée du groupe de marcheurs à Montgomery, le chanteur et acteur afro-américain Harry Belafonte organise le «Stars for Freedom Rally». Sur la route de Montgomery, l’évènement a lieu sous une pluie battante, sur un terrain de sport boueux de la paroisse City of St. Jude qui accueille le cortège pour la nuit. Depuis plusieurs années déjà, Harry Belafonte et Martin Luther King Jr entretiennent une relation de collaboration et de soutien. En 1963, l’artiste avait déjà mis sur pied un concert pour la Marche de Washington. À la même période, il récolte des fonds pour aider les Freedom Riders et libérer de nombreux manifestants incarcérés, dont King (Raymond 2015, 102-103).
Belafonte ainsi que Joan Baez, James Baldwin, Mahalia Jackson, Sammy Davis Jr, Nina Simone, Pete Seeger, Tony Bennett et de nombreux autres musiciens, chanteurs, artistes, écrivains et activistes les plus influents ont pris la route de Montgomery pour encourager les 25 000 marcheurs (Wallenfeldt 2019). Sur scène, au son des guitares, des voix puissantes des chanteuses de blues et de folk, les discours et les chants s’enchaînent. Le «Stars for Freedom Rally» restera «Night the “Stars” Came Out in Alabama», ou en français: la nuit où les étoiles sont sorties en Alabama.
«This little light of mine, I’m gonna let it shine!», chantaient The Montgomery Gospel Trio, The Nashville Quartet et Guy Carawan quatre ans plus tôt. Repris par le Mouvement lors de nombreuses manifestations, «This Little Light of Mine» provient du répertoire traditionnel du gospel américain. Certains chercheurs attribuent le titre à l’auteur et compositeur de gospel Harry Dixon Loes, mais son origine exacte est méconnue. Comme «We Shall Overcome», «This Little Light of Mine» figure sur l’album We Shall Overcome: Songs of the Freedom Riders and the Sit-Ins. Dans un rythme entraînant, les sept voix chantent en polyphonie. La voix féminine dominante, à la manière des gospels, interpelle les autres chanteurs et peut-être aussi le public, la foule. Elle lance un long «Oh !» avant de chanter la première phrase de chaque couplet a capella. «Deep down in the south, I’m gonna let it shine», assure-t-elle. Seule une guitare accompagne le chant. Lula C. Dorsey, professeure, politicienne et auteure engagée auprès du Mouvement, se remémore «This Little Light of Mine» dans son article «Freedom came to Mississippi»:
It was sung in churches, in freedom schools, on marches, on picket lines, at jails, and in Parchman where hundreds of demonstrators were jailed. The song became a force… The song motivated, gave courage and was a bold statement that freedom was on its way. (Dorsey 1977, 24-25) |
Le 25 mars, le cortège atteint enfin le capitole de Montgomery. Quelques mois plus tard, le 6 août, le Congrès américain adopte le Voting Rights Act. Désormais, la loi met fin aux différents tests d’alphabétisme et de culture générale que les fonctionnaires du Sud imposaient aux Noirs qui voulaient s’inscrire sur les listes électorales.
Conclusion
En mars 1965, Montgomery, la capitale de l’Alabama, fut le théâtre à la fois des plus grandes horreurs et d’un des meilleurs exemples de la force du peuple afro-américain. Des dizaines de chansons auraient pu illustrer les marches de Selma vers Montgomery et le Mouvement pour les droits civiques. Par exemple, quand Nina Simone chante «Mississippi Goddam» en concert au Carnegie Hall en 1964, elle pousse un cri du cœur qui critique du même souffle la passivité du gouvernement Johnson vis-à-vis du mouvement de lutte pour les droits civiques. Plutôt de s’adresser seulement aux institutions, les quatre chansons analysées dans ce texte, ont été écrites pour le peuple, chantées par le peuple. Elles rassemblent, encouragent, et portent les valeurs du Mouvement.
Quatre décennies après la fin du Mouvement, en 2007, les SNCC Freedom Singers ont offert une performance à la Maison-Blanche, alors sous la présidence de Barack Obama. Seulement accompagnés d’une guitare, Rutha Mae Harris, Charles Neblett et Dr. Bernice Johnson Reagon ont chanté «Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around» devant les Obama, dont la famille est une des figures de l’excellence noire américaine. Les freedom songs sont intemporelles: «You have to actually sing this song. You can never tell when you might need it!», a lancé Bernice Johnson Reagon au public.
Quatre décennies après la fin du Mouvement, en 2007, les SNCC Freedom Singers ont offert une performance à la Maison-Blanche, alors sous la présidence de Barack Obama. Seulement accompagnés d’une guitare, Rutha Mae Harris, Charles Neblett et Dr. Bernice Johnson Reagon ont chanté «Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around» devant les Obama, dont la famille est une des figures de l’excellence noire américaine. Les freedom songs sont intemporelles: «You have to actually sing this song. You can never tell when you might need it!», a lancé Bernice Johnson Reagon au public.
Sources
National Archives and Records Administration, National Archives and Records Administration.
ADAMS, Noah. 2013. «The Inspiring Force Of “We Shall Overcome”». NPR.
BOBETSKY, Victor V. 2015. We Shall Overcome: Essays on a Great American Song. Rowman & Littlefield.
Britannica. 2017. The Editors of Encyclopaedia. «Black Belt.» Encyclopædia Britannica, Encyclopædia Britannica, Inc.
COMBS, Barbara Harris. 2014. From Selma to Montgomery. New York: Routledge.
DORSEY, L. C. 1977. Freedom Came to Mississippi. Field Foundation.
Editors, History.com. 2009. «Confederate States of America.» History.com, A&E Television Networks.
«The Freedom Singers Perform at the White House: 8 of 11». YouTube, 16 Sept. 2012.
GRAHAM, Casey. 2019. «SNCC Freedom Singers (1962-1966) • BlackPast». BlackPast.
RAYMOND, Emilie. 2015. Stars for Freedom: Hollywood, Black Celebrities, and the Civil Rights Movement. University of Washington Presse.
Genius. «Sam Cooke – A Change Is Gonna Come». (ParolesGenius), 22 décembre 1964.
SHARFF, Billy. 2014. «Selma - Montgomery March, 1965 (Full Version)». YouTube.
Smithsonian. «We Shall Overcome: Songs of the Freedom Riders and the Sit-Ins.» Smithsonian Folkways Recordings.WALLENFELDT, Jeff. 2019. «Selma March». Encyclopædia Britannica, Encyclopædia Britannica, Inc.
National Archives and Records Administration, National Archives and Records Administration.
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